L’heure est au confinement en France. Depuis l’annonce ce lundi soir, d’Emmanuel Macron, la France entière est priée de rester chez elle pendant au moins quinze jours. Cette situation contraint les joueuses et les joueurs de tennis fauteuil à ne plus s’entraîner durant une période indéterminée. Si le présent semble incertain, le futur l’est encore plus avec la perspective maintenant lointaine, des Jeux Paralympiques de Tokyo. Entre scepticisme, prudence et créativité, nos joueuses et nos joueurs s’adaptent à ces conditions inédites.
Une situation à tout point de vue exceptionnelle
Comme presque la moitié de la planète, les joueuses et les joueurs français sont invités à rester chez eux pendant au minimum quinze jours. Leur saison 2020 ne ressemble déjà plus à grand-chose et ils étaient loin d’imaginer un tel scénario en février. Personne ne se doutait que le circuit vivait ces derniers tournois avant de longues semaines. Le coronavirus frappait surtout la Chine et la menace semblait lointaine. Mais les premiers cas en Italie et les premières annulations de tournois début mars ont jeté le trouble.
Depuis, le circuit a été complétement arrêté jusqu’au 8 juin. « Je suis sous le choc comme tout le monde et consciente que cette situation va durer un long moment » nous confie la n°1 française, Charlotte Famin. En plein tournoi aux Etats-Unis, elle a dû rentrer en urgence quand elle a appris que le circuit s’arrêtait. C’est le cas de Stéphane Houdet qui prend la situation très au sérieuse. Lui qui a fait des études en épidémiologie à l’école vétérinaire de Nantes veut avant tout écouter le gouvernement : « mes études en épidémiologie commencent à dater alors même si je suis encore docteur, je ne m’inscris pas en expert. Je suis un observateur respectueux des consignes ». Tous sont étonnés de la situation mais bien conscients qu’il faut avant tout se protéger et protéger les autres. « Il faut respecter les mesures sanitaires, c’est la meilleure manière de sortir vite de cette situation » conseille Famin. Charlotte Fairbank aussi veut positiver : « c’est sur que c’est une situation unique et exceptionnelle et pour nous athlètes de haut niveau, c’est pas facile de s’adapter et trouver son propre rythme mais bon on y arrivera ». Pour s’adapter au confinement, ils ont chacun leurs techniques !
Le système D pour continuer l’entraînement
Alors que le Centre National d’Entraînement a fermé ses portes, que tous les clubs de tennis ont pour consigne stricte de baisser pavillon, le temps est à la recherche de solutions pour garder la forme. La saison, si elle est amenée à reprendre, est encore longue avec de nombreuses échéances importantes. Il faut donc réussir à s’entraîner quitte à improviser. « Je suis parti me confiner à la campagne chez mes parents. Il y a plus de place, un jardin… On joue au tennis devant la maison et j’essaye de faire du physique dans le jardin. Je fais le maximum pour garder la forme » nous raconte Emmanuelle Mörch.
Pour les athlètes en fauteuil, la course à pied n’est bien évidemment pas envisageable. La créativité est donc le maître mot. Une autre solution ? Trouver un particulier qui a un terrain dans son jardin et qui accepte d’ouvrir sa porte en respectant, bien évidemment, les distances de sécurité. Faute de trouver un terrain, Charlotte Fairbank a bien tenté d’en fabriquer un: « j’ai essayé de créer un ‘terrain’ dans la rue pour pouvoir taper un peu la balle mais les voisins nous ont limite engueulé ». En attendant que la situation s’améliore, elle tente tant bien que mal de conserver sa condition physique, « j’ai des bandes, des poids et j’essaye d’être créative dans mes exercices. Le plus dur c’est de maintenir le cardio ». Les entraîneurs continuent de suivre leurs athlètes, à distance, en envoyant des programmes de musculation et de renforcement musculaire pour ne pas trop perdre les qualités physiques développées tout au long de l’année. Il faut aussi surveiller son alimentation. Là, c’est le mental qui parle car il faut résister aux diverses tentations.
Repos, peinture et d’autres activités pour s’occuper
Cette période de confinement est aussi l’occasion pour les sportifs de se reposer. Stéphane Houdet met à profit cette période pour soigner un dos douloureux depuis longtemps : « c’est un peu comme si le circuit m’avait fait cette blague de demander à tous de ne pas jouer et de ne pas s’entraîner le temps que mon dos se remette ! » plaisante l’ancien vainqueur de Roland-Garros. « Quand mon dos ira mieux, je pense que j’irai faire un tour du côté des activités possibles seul et que j’ai expérimentées en fin d’année dernière à savoir faire du mur. Et si je ne peux le faire dehors, je le ferai comme quand j’étais enfant dans ma chambre ou dans le salon » philosophe t’il, lui qui profite de cette période pour peindre ou en apprendre un peu plus sur la bourse.
Un avenir complétement incertain
Ils ont reçu un mail avant tout le monde de la ITF annonçant que le circuit serait gelé jusqu’au 8 juin. Cela fera trois mois minimum d’arrêt de la compétition. Les athlètes sont dans le flou total. « J’ai l’impression que cela va peut-être reprendre en juin mais je n’en sais rien » admet Emmanuelle Mörch. Fairbank ne voit pas comment cela pourrait s’améliorer avant fin juin « on est encore complètement dans l’inconnu pour le reste de la saison. Mais je ne vois pas grand chose changer afin fin juin au moins ». Même son de cloche pour Houdet « je croise les doigts mais je n’ai pas de boules de cristal ». Seule bonne nouvelle selon lui ? Si Wimbledon maintient son tournoi, ils auront une longue période d’entraînement sur gazon, fait rare en temps normal.
Les Jeux en suspens
La question qui est sur toutes les lèvres est celle des Jeux Paralympiques prévus fin août à Tokyo et de leur hypothétique maintien. La période de qualification devait se terminer justement le 8 juin. Il faudra trouver une solution pour garantir l’équité sportive, comme une augmentation des places qualificatives. En attendant, toutes et tous ne veulent pas entendre parler d’une annulation de l’événement. « J’y crois encore et j’espère qu’en cas de doutes, ils feront comme Roland-Garros en privilégiant un report plutôt qu’une annulation » espère Stéphane Houdet. Charlotte Famin est moins optimiste: « en ce qui me concerne, je pense qu’il sera difficile d’organiser les Jeux mais bon, advienne que pourra ! ». Tout comme la n°3 française qui croit peu en un maintien de l’événement japonais… L’espoir chez les athlètes de voir les Jeux se maintenir aux dates actuelles diminue à mesure que le virus se propage et que le monde se barricade.
Mais les Jeux ne sont pas l’enjeu principal de cette période. « Je me demande si mon mariage en Espagne en juin pourra avoir lieu » croise les doigts le natif de Saint-Nazaire. En attendant de nouvelles informations, les sportifs français resteront chez eux confinés, comme le reste de la France à attendre des jours meilleurs. Avec une seule doctrine : restez chez vous.
Auteur: Valentin Desanges