Par un communiqué, Didier Allanic a annoncé la nouvelle qui bruitait depuis quelques temps déjà : le BNP Paribas Open de France n’aura pas lieu cette année. C’est donc après 34 éditions que l’Open de France, de son nom historique, disparaît même si le directeur du tournoi n’a pas employé le mot. C’est un monument du tennis fauteuil qui s’apprête à tirer sa référence, le premier tournoi de tennis fauteuil créé en France, payant sa difficulté à évoluer dans un contexte de plus en plus professionnel.
Des difficultés financières…
La principale raison qu’évoque Didier Allanic pour expliquer l’annulation du tournoi est un manque criant de ressources financières. « Cette année la situation économique a engendré la perte de deux de nos sponsors majeurs et la Fédération Française Handisport s’est désengagée du tournoi. C’est donc pour des raisons regrettables et purement financières que nous ne pouvons assurer la compétition en 2020 » se justifie Allanic. On le sait, pour tous les tournois, la plus grande difficulté est de trouver des sponsors. Ce sont eux en grande partie qui permettent au tournoi d’exister et de rester viable économiquement. Pendant plus de 30 ans, le BNP Paribas Open de France aura réussi le défi de convaincre des entreprises de miser sur lui. Il y a eu pèle-mêle: Auchan, BNP Paribas, mais aussi Uniqlo ou encore GoSport. Le tournoi arrivait à chaque fois à retomber sur ses pattes, à séduire de nouveaux partenaires tout en bénéficiant de l’aide de la Fédération Française Handisport, qui a abandonné le projet en 2020. Mais si les problèmes financiers sont la raison de l’annulation du tournoi, ces dits « problèmes » sont la conséquence d’un tournoi qui a peiné à évoluer ces dernières années.
Qui ne peuvent pas cacher d’autres limites
Il est étonnant de constater que le BNP Paribas Open de France ne peut plus survivre alors que l’on vit la période la plus faste du tennis fauteuil. Le prize-money sur les tournois n’a jamais été aussi haut, les joueuses et les joueurs sont de plus en plus professionnels et suivis médiatiquement et les Jeux Paralympiques de 2020 suscitent un émoi mondial. Le BNP Paribas Open de France a sûrement payé ses difficultés à évoluer et proposer d’autres choses à ses sponsors et partenaires qui le suivaient depuis des années. Chaque année, un tournoi doit savoir progresser et s’améliorer pour répondre aux exigences des sponsors mais également des joueurs et de la ITF (organisme qui gère le circuit professionnel). Or, le BNP Parias Open de France a été créé il y a plus de 30 ans dans le but de satisfaire un besoin amateur de pratique du tennis fauteuil. Il s’agissait d’offrir un tournoi aux personnes qui ne pouvaient pas jouer debout. Du tournoi « kermesse » comme aimait l’appeler Didier, il a fallu s’adapter et devenir un tournoi international accueillant des joueurs venus du monde entier. En acquérant le statut de Super Series, l’Open de France a clairement réussi son défi car il a attiré durant des années les meilleures joueuses et les meilleurs joueurs du monde. Mais depuis quelques années, les progrès étaient de moins en perceptibles et l’essoufflement général pointait le bout de son nez. Les partenariats quittaient la maison les uns après les autres, les joueurs râlaient plus qu’avant et Didier Allanic fatiguait.
Le symbole d’un tournant pour le tennis fauteuil
Voir l’un des plus historiques tournois de tennis fauteuil en péril est le symbole que le tennis fauteuil se retrouve à un tournant de son histoire. Jamais ce sport n’aura été aussi encadré. C’est tout un écosystème qui évolue, progressivement certes, mais qui évolue. Les joueuses et les joueurs sont les premiers fers de lance de ce changement puisqu’ils sont de plus en plus professionnels. Il faut maintenant pratiquer à temps plein le tennis pour pouvoir prétendre occuper les premières places du classement mondial. Mais qui dit temps plein dit capacités financières. Et c’est là qu’interviennent les sponsors, les fédérations mais aussi les tournois et le fameux prize-money. Pour survivre en tant que tournoi international, il faut avoir des ressources suffisantes dorénavant. C’est sûrement une avancée et un progrès (futur) pour le tennis fauteuil mais cela montre à quel point il est dur pour les tournois de s’adapter à cette évolution permanente.
Un avenir flou pour le BNP Paribas Open de France ?
Didier Allanic est resté très flou quand à l’avenir du tournoi parisien : « Par ailleurs nous ne savons pas encore quel sera l’avenir du tournoi en 2021. Un grand projet de réhabilitation du site de la Grenouillère est en cours et les surfaces des terrains passeront en ‘hybrid-clay’ conformément à la demande de l’ITF. Ce grand projet est dans les mains de l’ITF depuis novembre 2019 mais nous n’avons pas reçu à ce jour la confirmation de l’homologation des surfaces proposées ». Depuis plus d’un an, la ITF a annoncé que tous les Super Series devraient se disputer sur une surface identique à celle des Grands Chelem (terre battue, gazon ou résine). Or, l’Open de France a la particularité de se dérouler sur du quick, une surface absente des Grands Chelems. L’édition 2019 du BNP Paribas Open de France pourrait donc bien être la dernière si jamais la ITF ne validait pas « l’hybrid-clay ».
Une place à prendre
Si la disparition du BNP Paribas Open de France venait à se confirmer, une place serait alors à prendre dans le calendrier international. Les tournois français sont nombreux mais lesquels seraient en mesure d’acquérir le statut de Super Series ? L’île de Ré, le Touquet ou encore l’Open du Loiret et l’Open de Vendée sont des tournois français importants mais aucun d’entre eux ne semblent posséder la carrure nécessaire. Il ne reste bien que le tout nouveau French Riviera Open qui ne cesse de grandir d’année en année. Organisé par Michaël Jérémiasz et Cédric Mocellin sur les terres de la prestigieuse académie de Patrick Mouratoglou, le « French » a toutes les qualités requises pour devenir LE tournoi français de tennis fauteuil. Si le BNP Paribas Open de France a peut-être tiré sa référence, le tennis fauteuil a un bel avenir et une belle époque à vivre.