A seulement 18 ans, Zoé Maras représente la relève du tennis fauteuil, un sport qu’elle pratique depuis de nombreuses années. D’un naturel discret et réservé, la jeune Française ose rêver des Jeux Paralympiques de Paris en 2024 mais à voix basse, sans faire de bruits. Découvrez le portrait de Zoé Maras, ou la jeunesse discrète.
Zoé Maras, une passionnée de tennis fauteuil
Zoé Maras est une jeune femme en devenir vraiment à part. Elle vit dans une petite chambre étudiante à Annecy que ses parents lui louent le temps de ses études. Si elle suit des cours de mesures phyisques à l’IUT, c’est bien le tennis qui accapare son temps, sa tête et ses rêves. Si sur le circuit de tennis fauteuil on croise beaucoup de passionnées, Zoé Maras est de celles qui ont le sport dans le sang. « Le tennis, c’est toute ma vie » résume-t-elle, sûrement un peu hâtivement. Mais à 18 ans, peut-on lui en vouloir de cette belle insouciance ? Il faut dire que depuis qu’elle a découvert ce sport, lors d’un stage « paratennis » à l’âge de 9 ans, elle ne l’a plus vraiment lâché.
Inscrite en sport études, elle bénéficie désormais d’un aménagement de son emploi du temps qui lui permet de s’entraîner quasiment comme une professionnelle et de suivre le rythme du circuit international. « Je joue au tennis au club des marquisats depuis septembre. Le club n’avait jamais accueilli de paratennis mais il semblait motivé par mon projet. Ce sentiment s’est concrétisé au fil de l’année. Je m’entraine 4 fois par semaine: un cours en collectif et les autres en individuel », détaille la jeune femme originaire de Saint-Etienne.
Une espoir française
A bientôt 19 ans, Zoé Maras est l’une des espoirs du tennis fauteuil français et mondial, statut qui lui a valu d’être approchée et encadrée par la Team BNP Paribas Jeunes Talents. « J’ai été aidé pour la première année par la team BNP Paribas, ce qui m’a permis de compléter mes entraînements avec un préparateur physique trois fois par semaine, avec un préparateur mental que je vois tous les 15 jours. Les 3 travaillent ensemble (ndlr : sa coach tennis également) ! ». Elle s’enthousiasme de cette dynamique positive: « c’est super chouette, j’apprécie vraiment l’enseignement qui m’est donné et cette chance qui m’est offerte par le programme de Bnp Paribas. »
Actuellement classée 50ème mondiale, son meilleur classement, elle bénéficie du soutien de la Fédération Française de Tennis, qui l’a intégrée à la fois au groupe Espoir et au groupe France. « Ce sont des moments très formateurs qui permettent de guider le travail fait au club » explique Zoé Maras qui a le don de bien s’entourer. Car si sa structure tennistique se peaufine avec le temps, c’est en partie grâce à sa rencontre avec sa coach Nicole Tekelova qui l’accompagne depuis seulement quelques mois mais qui est déjà très impliquée dans le projet : « elle a pu m’accompagner sur un stage au CNE et sur le tournoi de Bolton. Elle est motivée et on s’entend super bien ! »
Entourée de sa famille
L’autre soutien de poids pour Zoé Maras, c’est sa famille. Et plus particulièrement ses parents: « ma famille est toujours derrière moi et m’encouragent dans mon projet » raconte-t-elle. Souvent présents sur les tournois qu’elle dispute, ses parents sont à la fois source de motivation et de… stress : « même si j’adore quand ils peuvent se libérer et venir me voir jouer, leur présence est parfois source supplémentaire de pression car je n’aime pas les décevoir ». Elle essaye donc, progressivement, de prendre son projet entre ses mains, de devenir plus autonome pour voler de ses propres ailes.
Et cela marche bien. Sans le crier sur tous les toits, Zoé Maras vient de remporter le second tournoi Elite tennis fauteuil organisé par la Fédération Française de Tennis. Après un premier tournoi manqué, c’est un sacré accomplissement pour la n°4 de son pays mais qu’elle tente de relativiser, « ce deuxième tournoi, oui bien sûr, j’ai été contente de gagner, une victoire c’est toujours positif. Mais en même temps, dès que j’ai appris l’absence d’Emmanuelle (Mörch) et de Charlotte (Fairbank), j’ai tout de suite regretté. C’est en jouant contre des filles au-dessus de moi que je peux continuer à progresser ».
La gestion des émotions comme axe de progression
Pour progresser, justement, elle travaille avec un préparateur mental sur la gestion de ses émotions, émotions qui peuvent la rattraper lorsque le match commence. L’envie de trop bien faire peut la paralyser et l’empêcher de développer son jeu offensif. A cœur ouvert, comme toujours avec cette jeune fille honnête et sincère, elle raconte ses émotions : « je n’aime pas qui je suis en match, l’envie de bien faire me rend complètement stressée, ce n’est pas moi, dans la vie de tous les jours ou durant les entraînements je suis plutôt joyeuse et détendue ». Ses joues, percluses de larmes à la sortie de sa défaite au premier tour lors du 1er tournoi Elite tennis fauteuil face à Pauline Déroulède, témoignent de sa sensibilité et de son envie de bien faire.
Je travaille ce stress avec mon préparateur mental, Jean Christophe Aubry. On a démarré ce travail ensemble en mars durant la période de confinement, on verra dans le temps si notre travail porte ses fruits !
Zoé maras, 50ème mondiale
Zoé Maras a tout pour réussir et atteindre ses nombreux objectifs. Le temps, pour commencer. A 18 ans, elle entame seulement sa première saison entièrement consacrée au circuit senior mettant derrière elle sa carrière chez les juniors, couronnée l’année passée d’une finale au tournoi des Petits As. Le jeu, également. Portée vers l’avant, Zoé Maras se décrit comme une joueuse « qui aime finir le point vite » et qui « adore le service », malgré une seconde balle encore faible. « J’ai toujours été meilleure en revers qu’en coup droit, j’adore faire des revers inversés, c’est mon coup préféré ! » détaille-t-elle avant d’expliquer préférer les surfaces rapides à la terre battue, bien sûr. Enfin, l’ambition. La Stéphanoise d’origine rêve de participer aux Jeux Paralympiques de Paris en 2024, ambition qui passe par intégrer le top 30 dans les deux prochaines années.
Et si elle rêve, elle garde la tête sur les épaules. Elle ne cherche pas la lumière des projecteurs ou la reconnaissance médiatique mais la vie la plus simple et épanouie possible. « Quand mes études seront finies, et que j’arrêterais le tennis pour travailler, je n’ai pas de rêve particulier. Je souhaite simplement mener une vie la plus banale possible avoir un travail, une famille… » Et continuer d’être cette jeunesse, si discrète et sincère.
Auteur: Valentin Desanges