La ITF ou le souci de l’éligibilité pour le tennis fauteuil

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La Fédération Internationale de Tennis (ITF) a annoncé il y a quelques jours que les sportives et sportifs de tennis fauteuil qui n’entraient pas dans les nouveaux critères de classification pourraient quand même participer aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021. Cette décision est le symbole d’une institution qui peine à évoluer et à faire évoluer le tennis fauteuil vers un sport plus juste et plus professionnel.  

Une volonté de changement exprimé par la ITF

Retournons un petit peu en arrière. En 2019, la ITF a voulu réformer le tennis fauteuil et notamment les critères dit de classification. La classification c’est le système qui permet de contrôler les handicaps de chaque athlète et de l’orienter vers la catégorie qui lui correspond le plus. En tennis fauteuil, il n’y a que deux catégories : open et quads. Ces critères étaient jugés trop laxistes, pas assez strictes et devaient être éclaircis pour permettre une meilleure équité et une meilleure visibilité. Toutes les joueuses et tous les joueurs ont dû passer un examen médical durant lequel ils devaient prouver leur « invalidité ». Autrement dit, ils devaient donner les preuves de leur handicap. Même si tous les critères n’étaient pas encore très clairs, le contrôle semblait se renforcer. 

Mais un rétropédalage au dernier moment

Cependant, dans la foulée de cette décision de renforcer le contrôle et la classification, la ITF a temporisé en posant le principe suivant : tous les athlètes qui ne rempliront pas les critères pourront quand même jouer les Jeux de Tokyo en 2020. Une position qui avait étonné la plupart des joueurs et surtout qui manquait cruellement de cohérence et surtout d’équité. Comment un individu qui ne remplit pas les critères médicaux pour la pratique de son sport peut participer au plus grand événement d’handisport au monde ? La ITF, qui partait pourtant d’une très bonne initiative, a rétropédalé au moment de sanctionner les joueuses et les joueurs concernés. 

ITF tennis fauteuil
La ITF peine à évoluer dans le bon sens.

Le pire arrive. A cause de la pandémie qui touche le monde entier, les Jeux Olympiques et Paralympiques ont été repoussés d’un an pour laisser le temps aux athlètes de se qualifier et de se préparer. L’ITF avait là une belle occasion de corriger son erreur originelle en maintenant son cap de la fin d’année 2020 pour l’imposition des critères établis. Elle ne l’a évidemment pas saisi, s’enfonçant dans son ignorance et sa bêtise, et a repoussé encore d’un an la mise en place du nouveau système de qualification. L’explication de la ITF est risible : « le système actuel de classification pour le tennis en fauteuil roulant restera en place jusqu’à la fin de 2021, afin de garantir que tous les athlètes qui auraient été éligibles à l’événement paralympique de tennis en fauteuil roulant en 2020 resteront éligibles pour l’événement en 2021 ».

La nécessité d’une instance forte et motivée pour le tennis fauteuil

Ainsi, alors que certains ne sont pas éligibles à jouer au tennis fauteuil, ils vont pouvoir continuer à disputer des matchs, des tournois et les Jeux Paralympiques avec le consentement le plus total de l’organisme international. Plutôt que de défendre l’intérêt du tennis fauteuil, la ITF protège des joueuses et des joueurs, certes innocents et heureux de pouvoir continuer à jouer, mais qui ne respectent pas la condition principale pour faire partie de ce sport. 

Cette situation souligne le constat de plus en plus profond que la ITF n’arrive pas à promouvoir et ériger le tennis fauteuil comme il se doit. Le fond de solidarité mis en place pour aider les sportifs à traverser la crise actuelle ne concerne que le top 20. C’est une belle initiative mais qui montre que les mentalités peinent à changer et à considérer les joueuses et les joueurs de tennis fauteuil comme des professionnels à part entière. 

Pour faire évoluer ce sport vers un sport plus reconnu, il faut qu’il soit avant tout considérer comme un sport avec des sportives et des sportifs qui sont des professionnels. Ces derniers doivent montrer l’exemple en étant soutenus par une institution forte et motivée qui défend leurs intérêts. Tout ce que ne fait pas la ITF pour le moment.

Auteur: Valentin Desanges

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