La brique orange, qui protège les habitations des hivers rudes et pluvieux, est bercée par un soleil estival. Sur certaines bâtisses, le orange est devenu noir avec le temps et les multiples précipitations. Le ciel est souvent emprunté de nuages gris chargés de pluie mais lorsque des éclaircies viennent pointer le bout de leur nez, un certain charme se dégage de ces villes à taille humaine entourées de champs et de routes. Une tranquillité émerge, malgré les multiples travaux entrepris pendant l’été sur les autoroutes, comme si le temps était suspendu.
Un véritable tour de Belgique
Vivre l’été en Belgique est une curiosité que les joueuses et joueurs de tennis fauteuil expérimentent depuis de nombreuses années. Loin des stations balnéaires de la côte Atlantique ou de la chaleur de la Méditerranée, quatre tournois en Belgique se déroulent à cheval entre juillet et août. Quand les Belges désertent les villes et leurs bières (on utilise bien le pluriel) pour rejoindre les club-med français.
C’est un véritable tour de Belgique qui est proposé aux sportifs. Cette année, c’est le Flanders Open, situé dans la ville de Leuven en partie flamande, qui a lancé la tournée. Avant de laisser la place à l’aîné, le tournoi le plus ancien de Belgique : le Belgian Open. Ce dernier se déroule dans le club de Joachim Gérard, n°1 belge, à Jambes non loin de Marches. C’est ensuite au tour de la ville d’Anvers de se plier en quatre pour recevoir les athlètes, puis à Ath de clôturer cette tournée.
Les ingrédients du succès sont…
Isolé au milieu de la campagne, Ath et sa petite place rectangulaire aux nombreux bars fête son 20ème anniversaire et chaque occasion est bonne à célébrer. «Ath c’est la famille, c’est pour cela que je viens» déclare David Dalmasso, blessé mais quand même présent dans le tableau. L’organisation du tournoi a même mis en place un système de réduction du coût de l’inscription pour les habitués du tournoi. C’est le charme singulier de ces tournois, ce goût de « reviens-y ».
D’un tournoi à l’autre les ingrédients de la réussite sont les mêmes : de la convivialité, de la terre battue et de… la bière ! Ils reposent tous sur un socle solide de bénévoles qui travaillent depuis les débuts à la bonne tenue des tournois. Et regorgent de belles histoires comme celle de cette jeune infirmière qui prend ses trois jours de congés pour venir aider au Belgian Open depuis de longues années. Ou encore de cette famille belge et passionnée de tennis qui a pris sous son aile la jeune Mariska Venter.
La terre battue est également un dénominateur commun. C’est pour cette raison que cet enchaînement est très apprécié des joueurs qui peuvent enchaîner les matchs sur la même surface. Malheureusement, la pluie perturbe souvent les journées et il n’est pas rare de devoir disputer des rencontres à l’intérieur. Les « rain delay » (interruption par la pluie) sont courantes mais font partie du charme intrinsèque du lieu.
A Ath, le bar est juxtaposé au court central tandis qu’au Belgian Open et au Flanders, il est en hauteur, évitant ainsi les nuisances sonores et nasales qui peuvent perturber les rencontres. Il tourne toujours à plein régime, animé par les fidèles du coin mais aussi par certains joueurs plutôt venus en vacances. Les « welcome bag » sont toujours accompagnés de la bière locale présentée comme le totem, le symbole de chaque ville.
Au pays du tennis fauteuil
La particularité réside aussi dans ces semaines où les professionnels et amateurs se croisent, et s’affrontent de temps à autre. En effet, les tournois belges attirent des joueurs internationaux soucieux d’engranger des points et de l’expérience sur le terrain. Encore une fois cette année, les tournois ont consacré des joueurs venus de Chine, d’Argentine, des Pays-Bas ou encore d’Allemagne et du Japon. La Belgique a aussi été sacrée avec le titre inattendu de Jef Vandorpe, la jeune star du tennis fauteuil, qui a remporté son premier ITF1 à Namur.
Il faut encore profiter un peu de ces tournois où les amateurs et professionnels se côtoient. La professionnalisation du tennis fauteuil ne permettra plus, dans quelques années, aux amateurs de disputer les mêmes tournois que les meilleur(e)s. Il faudra se résoudre à ne plus entendre Abou Konaté exploser de rire pendant une finale de double et à ne plus avoir un match opposant Zhenzhen Zhu à Els Verhoeven. Le tournant est pour bientôt et les occasions de profiter encore un peu de cette atmosphère si particulière vont se faire rare. Alors n’attendez pas pour vivre l’expérience d’un été en Belgique, loin de la folie vacancière mais si près des cœurs.
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